Arrivée....

Cisaille s'avança plus près du Capitaine Nicanor, se pencha vers son visage et lui dit d'une voix calme mais certaine,
- Entre nous Capitaine, en ce qui concerne le tricot, de nous deux ce n'est pas moi qui en aurait le plus besoin.

Il se redressa en passant les deux mains sur sa veste, comme pour enlever une poussière ou lisser sa tunique. Il regardait le Capitaine Nicanor de sa hauteur, mettant en avant ses habits qui étaient impeccable. À voir les deux autres hommes, ils portaient également la même tunique, parfaitement taillé et tout aussi impeccable.

Nicanor eut pour lui un sourire canaille.

Bien dommage que pourvu du tricot, tu ne le sois pas de la classe qui va avec, Uh hu? Et pour ça...

Il singea par l'identique répétition les gestes précédents de l'homme en noir.

Nous sommes inégaux, car ça ne s'apprend pas. On l'a, disait-il, tête légèrement inclinée vers sa main, couronnant un bras replié où à l'orée, le pouce passait le long des ongles alignés à la file, ou on ne l'a pas, fusa-t-il en dardant sur lui ses pâles opales en ouvrant la procession de ses doigts en un éclatement doté de son piquant.

Le coin des lèvres souriantes le soulignait, un clin d'oeil dilettante le cria.

Les deux hommes restés en arrière regardaient maintenant celui qui se nommait Cisaille. Ce dernier avait le regard plongé dans celui du Capitaine Nicanor qui souriait, bien que l'homme en noir devant lui mesurait une bonne tête de plus que lui, le visage peu avenant et que personne n'osait se gausser de lui. À un moment, ils purent apercevoir un léger rictus se former aux commissures de ses lèvres. Il reprend calmement,

- Il n'y a au monde deux classes d'hommes : ceux qui ont et ceux qui gagnent. Les premiers se couchent, les autres se remuent.

Il marqua un temps de pause, la main posée sur le pommeau de sa rapière.

- Vous qui me parlez d'inégalité, de celles qui commencent dès la naissance, en voilà une qui est quasiment insoluble, l'ignorance. J'aime à penser que l'égalité prend sa revanche avec l'approche de la mort. Et là, comme tout un chacun, en ce jour nous serons égaux face à l'éternité.

Cisaille se tourna vers ses compagnons après avoir soutenu quelques instants le regard du Capitaine Nicanor.
- Mangeur, Angelot, il est temps pour nous de quitter-là le Capitaine Nicanor et sa couchette et de continuer notre tache afin de gagner dument notre pain quotidien.

Se tournant vers le Capitaine Hollandais,
- J'oubliais, bienvenu à la Compagnie Noire Capitaine.

Son visage eu un court instant l'aspect amical, mais qui ne dura guère et qui repris l'apparence peu avenante qu'on lui connaissait.

Il repartait aussi, avec un lâché au vent sur leur égalité.

Mais, moi, la mort, elle me connaît déjà.

Alors qu'ils avaient entamé leur marche, Cisaille se retourna et lâcha accompagner d'un rire franc et sonore,

- Rah ah ah ah ! P'tête bien qu'la Mort, contrairement à la Compagnie Noire, ne vous pas trouvé assez intéressant pour vous garder près d'Elle ! Mouarah ah ah ah ! ! !

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 01/11/2009

Silence noir à l'amarrage, silence noir à l'abordage du sol et de la grève. C'est le taïpan qui la foula avant tout autre de son équipage, qui de toute façon resta au large, car d'équipage, on devait parler davantage de celui d'une barque qui à un certain égard avait eu l'air d'un serpent sinuant sur la mer vineuse.

D'une paupière se fermant en inclinant la tête sans détourner ses prunelles dardées vers la Colline, se ponctuant de deux gestes de la main à droite, puis à gauche, prestes comme des najas, trois jeunes femmes portant sur elles l'innocence immaculée. Korva, lui, partit droit et au premier homme en noir, s'arrêtant impérieux, indiqua péremptoire un nom. Blackwood. Puis, un tempo : fissa.

Esteban arriva au pied de la Colline et se dit :

"C'est un bien beau voyage que de venir en ces lieux qui ont l'air bien accueillant, mais maintenant quel chemin suivre ? Le mieux qu'il me reste à faire, c'est d'attendre que l'homme en noir se manifeste..."

Des mois ... des mois que la Colline avait revêtu la tranquillité des lieux propres aux recueillement ...

Des mois ...

Des mois que deux hommes, deux agents, fautes de se tuer à la tâche, reprenaient sans cesse leur rôle de vigie, ayant pour seul distraction le Chien, courant après le Natif ...

Heureusement pour ces deux hommes, le temps du silence fut révoqué par une venue, ou plutôt deux, et leur destin dira si à cet instant, il n'aurait pas mieux fallu que le silence règne un jour de plus ...

Concertation ...

" Il est à l'heure ... tu t'en charges ? "
" Le Voyageur ne posera pas de problèmes, je me charge de lui, et on est deux pour l'autre ! "
" Mais si on s'occupe en premier du Voyageur, l'autre va mal le prendre ! "
" Mais si on s'occupe de lui en premier, le Voyageur risque de manquer les discussions ... "

... dilemme !

Puis l'inévitable : Blackwood ... fissa

Engagement :

" Bienvenue à la Colline, capitaine Korva ! "

Les deux hommes se tenaient côte à côte, et l'on pouvait deviner quelques pincements et taquets donnés l'un à l'autre sous les mentaux ...

" C'est un honneur de vous recevoir, vous, ainsi que vos jol... "

Ce coup-ci, le taquet donné eu raison de la parole de l'homme, un serrement de gorge venant interrompre le laïus maladroit.

Dans le dos des deux hommes, un agent, qui semblait être de grade supérieur, assistait à la scène, puis intervint. Dépassant les deux vigies, leur lançant un regard on-ne-peut-plus expressif sur leur comportement, il se plaça devant eux, puis d'une voix rauque et maitrisé, prit les choses en main :

" Capitaine Korva. Le capitaine Blackwood est actuellement en pour parler, mais tient à vous installer dans un salon. Vos filles sont libres de vous suivre, mais pourrait aussi être intéressées par la cabane du Natif, un homme plein de ressources quand il s'agit d'exploiter au mieux les liquides et substances tirés des plantes et crocs d'animaux ... je vous en prie, entrer. "

Puis se tournant vers le l'autre capitaine :

" Vous devez être le capitaine Pardal. Nous nous sommes croisés dans un autre lieu commun hollandais, mais je ne serai pas rancunier si votre mémoire vous jouait des tours ... c'est qu'il est de mon talent de rester discret. "

Un chuchotement venant de l'arrière ajouta : " tu m'étonnes ! l'avait pas vu v'nir ! "

L'homme en noir conclut :

" Je vous en prie Capitaine, entrez. Les pour parler ont lieu dans l'Aile des Trophées, laissez-vous guider par les voix usés ... "

Nombre de messages : 12 Date d'inscription : 01/11/2009

Mes filles sont libres, justement, répondait Korva, d'un regard furtif vers elles par gauche et par droite, s'apercevant que déjà l'une n'était plus visible. Délaissant toute convenance, il tourna le dos aux hommes en noir pour faire face, improviste, au Voyageur.

Toi, asséna-t-il à l'adresse d'Esteban Pardal, d'un sourcil haussé et le menton rehaussé, je sais qui tu es, homme, un sourire de pointe fusant à mesure que jaillissaient une lueur dans les noires prunelles.

Mais il se retourna, peu diligent envers tout éclaircissement, vers les hommes en noir, les toisant.

Le salon, et les mots, se suffisant à eux-mêmes, fusèrent. Sa fille, la rousse, vint à ses côtés, jaugeant d'aplomb, voire d'affront minaud, les trois matois.
La troisième filait dans les touffeurs végétales, en quête d'une cabane.