Rendez-vous de longue date.

Ça faisait longtemps que le Capitaine Keaveen marchait sous cette pluie diluvienne. Trempé, il cherchait un peu de solitude, à s'éloigner de ce brouha qui accompagne en général les fêtes post-victoires dans les tavernes, et autres bas-fonds. Ce faisant, il arriva devant une grande porte, dominant la petite place sur laquelle il errait. Dessus, on pouvait lire "Compagnie Noire des Caraïbes".

"Ha! Mais c'est vrai. Il m'avait dit de lui rendre visite quand je passerai par là. Bon allez, j'vais passer faire un petit salut"

Sur ce, il s'approcha de la porte... Pas de clochette, pas de "frappez et entrez"... Il entra donc sans frapper et se retrouva dans un salon sobre mais profond. Ici, il n'y avait ni miroirs à profusion, ni argenterie,... Tout était sobre, mais intelligemment positionné. Les décors, tous en harmonie, donnait à ce salon une atmosphère différente des autres antichambres qu'il avait visité... La renommée de la confrérie venait de prendre toute son ampleur devant ces yeux: ici, on ne paradait pas, on ne gaspillait pas inutilement.
Keaveen s'assit alors sur un des fauteuils, et attendit que quelqu'un arrive.

"Haaa, je vais piquer un petit somme en attendant... Y'a pas l'air d'y avoir grand monde".

C'est toujours dans des moments non souhaités que les choses les plus "dérangeantes" arrivent ...
Et c'est d'autant plus vrai lorsqu'on est soumis malgré soit aux pérégrinations d'un animal dans la demeure ... !

Le capitaine assoupi sur un fauteuil, voilà une proie facile, peut-être trop ... Le Chien est là, au pied du grand homme avachi ...
Et bien fou serait celui qui oserait prédire la suite des évènements !

Le Chien avance, butte sa truffe sur une botte, renifle, se fige puis relève la tête, comme déçu par l'état trop propre des chausses du grand homme. La tête se rebaisse ... une réflexion ? ... pas vraiment ! Le Chien fait mine de repartir, puis dans un élan - ou était-ce deux ? - il saute sur le fauteuil, et immédiatement se fige, comme pour ne pas vouloir réveiller l'invité ... son invité.

Le capitaine étant vraissemblablement entré dans un sommeil plus lourd qu'il n'y parait, Le Chien en profita pour se poser à ses côtés, et faire ce que beaucoup dans la demeure n'aurait à peine imaginé possible, son maitre y compris ... Le Chien posa la tête sur la cuisse du capitaine, puis s'endormit avec lui.

Ce n'est qu'en se réveillant que Keaveen comprit ce qu'il lui arrivait. Un chien qui dormait sur lui, sur sa cuisse à lui! Et, non d'un p'ti bonhomme, c'est que ce chien là il avait pas l'air des plus tendres... Il faut toujours se méfier d'un animal, et surtout de ses réactions! Mieux valait le laisser dormir, tout le monde en conviendra.

"Bon, si y'a un chien, y'a un maitre normalement... Reste plus qu'à ce que le maitre me trouve maintenant... Ou que le chien se réveille que je puisse me dégourdir les jambes... Ralalaaaa"

Sur ce, Keaveen pencha la tête en avant, et s'endormit de nouveau, en attendant l'arrivée d'un humain dans ce grand salon

John allait bon train dans les couloirs de la colline. Il les connaissait bien maintenant. Il se rendait justement aux cuisines quand, en passant non loin de l'entrée, il vit un jeune capitaine endormi et le chien du capitaine Blackwood endormi sur lui.

Il s'approcha et réveilla tout doucement le chien en le caressant.
Puis, il tapota l'épaule du capitaine qu'il ne connaissait point.

Capitaine ! ouhou! Monsieur ! Réveillez vous.

Keaveen sentit une main le tapotant au niveau de l'épaule. Habitué au réveil violent, il mit de suite la main sur sa dague... Mais vit le capitaine en face de lui. D'après ce qu'il avait entendu des capitaines de la CNC, il en déduit que c'était le Capitaine John Julius.

- Bonjour, mon Capitaine. Vous êtes bien John Julius n'est-ce pas? Il me semblait vous connaitre, mais je ne reconnais aucun de vos traits... Me serais-je trompé? Enfin bref, vous avez ici de beaux locaux dites-moi...

John fut surpris qu'un capitaine qu'il ne connaissait pas puisse le connaitre....

Oui, je suis bien John Julius. Puis-je savoir pour qu'elle raison vous êtes venus jusqu'ici?

-Je suis venu ici pour connaitre un peu plus cette confrérie... Vous savez, les ragots et rumeurs, ça va un temps. Mais vient un jour où la soif de connaissance, et peut-être la curiosité, sont trop importantes pour se repaitre de légendes et contes. En fait, sous ses beaux mots, pour un pirate j'entends bien, se cache un seul argument: j'en ai marre de l'impuissance de la Hollande. Mon roi m'a envoyé ici pour représenter mon pays, mais seul, cela m'est impossible. Il me faut de l'aide, un soutien, avoua t-il. Et j'ai alors pensé prendre contact avec vous. Je vous ai vu agir dans un port il y a quelques temps. C'est pour cela que je me suis adressé à cette adresse en premier lieu.

Des ragots et des rumeurs sur nous.....dit John en souriant.

Vous souhaitez de l'aide ? Que diriez vous d'aller s'asseoir dans l'un de nos nombreux salon pour discuter de tout cela autour d"un bon verre....?

John mena alors le capitaine dont il ne connaissait toujours pas le nom à travers un dédale de couloirs. Puis, il s'arreta net. Et ouvrit une porte au milieu d'un mur nu.
Il tendit alors la main pour inviter l'étranger à entrer.

Voici le salon d'Hermès. Nous y serons à l'aise. Vous aimez le whisky?