Le vieil homme était dubitatif quant à la pertinence de sa visite du jour. N' allait-on pas traduire sa présence comme étant celle d' un espion au service du Rey? Non pas que cela lui importait outre mesure d' entrer en ces lieux mais l'idée de passer pour un séide de ce despote en dentelles lui était insupportable. Il chassa ces pensées et se raisonna en estimant que la présence d' un collègue dans la place lui donnerait au moins le bénéfice du doute, tout en pénétrant d' un pas franc dans le bâtiment.
Hélant ce qui semblait être le gardien des lieux, il se présenta :
-Pedro-Paolo Del Asturias, journaliste portugais dissident, sur le point, depuis un moment il est vrai, d' être officiellement attaché aux affaires espagnoles du journal des caraibes.
J' ai bien conscience de ne pas être au sein d' une institution amie de l' Espagne mais j' ai décidé de faire le tour de toutes les confréries et quoi de mieux que de commencer par l' une des plus célèbre et intrigante?
Je reconnais d' ailleurs au faste de ces lieux la prospérité légendaire des citoyens des Provinces Unies; prospérité que je ne m' explique toujours pas vis-à-vis du dépouillement des temples de la religion que vous embrassez.
Mais je partage votre farouche volonté d' émancipation et votre esprit d' ouverture à diverses cultures. Encore faut-il que ce ne soit pas remplacer un mal par un autre, ce qui ne paraît pas encore tranché en votre métropole.
Comme à mon habitude, je parle sans me préoccuper des convenances, veuillez m' excuser de digresser ainsi à l'envi, mais éclairez moi plutôt sur vos activités et vos lignes directrices.
le journaliste souriait dans sa barbe argentée, tout en commençant benoîtement à détailler les divers objets d' art exposés çà et là.